Le saviez-vous N° 187 ?
Selon la définition de l’EBEN (European Business Ethic Network), « L’éthique n’est pas un ensemble de principes figés mais une ouverture d’esprit conduisant à la réflexion continue dans la recherche du bien commun et individuel. »
De la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) à l’éthique
Nulle démarche éthique ne peut être envisagée dans une entreprise qui n’est pas pleinement dans une logique de RSE.
Définition de la RSE par la Commission européenne (2011)
C’est « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société »
- Pour assumer cette responsabilité, il faut respecter législation et conventions collectives
- Pour s’en acquitter pleinement, il faut avoir engagé en collaboration étroite avec les parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de l’homme et de consommateurs dans les activités commerciales et la stratégie de base
Définition de la responsabilité sociétale des organisations par la norme ISO 26000 (2010)
Responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui :
- contribue au développement durable y compris à la santé et au bien-être de la société
- prend en compte les attentes des parties prenantes
- respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales
- est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations
« Pour définir le périmètre de sa responsabilité sociétale, identifier les domaines d’action pertinents et fixer ses priorités, il convient que l’organisation traite les « questions centrales » suivantes :
- la gouvernance de l’organisation
- les droits de l’Homme
- les relations et conditions de travail
- l’environnement
- la loyauté des pratiques
- les questions relatives aux consommateurs
- les communautés et le développement local.
Alors, l’éthique dans l’entreprise, c’est quoi ?
L'éthique – qui est une valeur morale – est la manière de prendre en compte les normes les plus élevées pour conduire l’action.
Une stratégie de communication qui mise sur le paraître ou une valeur réelle ? Telle est la question... En d’autres termes, comment faire vivre cette valeur au sein de ses équipes, dans chacune des missions effectuées, des tâches à accomplir.
C’est une valeur forte, un idéal qui par définition ne sera jamais atteint mais vers lequel chacun peut décider de tendre…
L’éthique professionnelle peut être abordée par les valeurs ou vertus telles que la justice, le courage, la prudence et la tempérance.
Ainsi, l’éthique entraîne une réelle prise de conscience par chacun de sa propre responsabilité et de la signification de ses actes.
L’éthique est une valeur et aussi une compétence qui va littéralement changer la manière dont chaque salarié travaille. Par exemple, une personne qui est éthique vous dit-« je vous envoie le document demain »… elle le fait toujours, voire elle vous renvoie un message en expliquant pourquoi elle ne peut pas encore vous l’envoyer et quand elle pourra le faire.
Quelques exemples d’actes éthiques :
- Des directions et des collaborateurs exemplaires
- Des recruteurs qui pratiquent le recrutement équitable
- Des salariés qui tiennent leurs engagements
- Des professionnels qui luttent contre la fraude et la corruption
- Des acheteurs qui refusent les cadeaux d'affaires
- Des acteurs qui ont une réelle volonté d’exceller
- Des meilleures pratiques au quotidien : civilité, bienveillance, professionnalisme….
- La protection des données à caractère personnel
- Le choix de fournisseurs, prestataires et sous-traitants qui portent ces mêmes valeurs…
Les bénéfices de l’éthique pour l’entreprise et ses acteurs
A court, moyen et long termes, une véritable éthique insufflée dans l’entreprise apporte pléthore de bénéfices pour tous :
Pour les managers
- aide à la prise de décision,
- gestion des objectifs,
- résolution des conflits,
- intégration du point de vue des différents acteurs,
- responsabilisation,
Pour tous les collaborateurs
- qualité du climat social,
- fierté d'appartenance,
- cohérence de comportements,
- image,
- notoriété,
- confiance des parties prenantes,
- motivation et créativité,
- solidarité,
Pour l’entreprise
- crédibilité,
- pérennité,
- positionnement sur des marchés,
- résultats économiques,
- réduction des coûts,
- culture d'entreprise et marque employeur
Observez l’image désastreuse des entreprises (quel que soit le domaine d’activités : santé, industrie, mode, etc.) ou encore des banques qui sont peu scrupuleuses en matière d’éthique et les conséquences de leurs actes ; je rappellerai à ce titre :
- L’affaire du sang contaminé,
- Le scandale du Mediator
- L’affaire Poly Implants prothèse (PIP), société française au cœur du scandale mondial d’implants mammaires défectueux.
- Tchernobyl,
- La marée noire due au naufrage du pétrolier Erika ou encore l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon
- L’affaire HSBC
- Le récent scandale financier à Wall Street ; 20 banques soupçonnées d’avoir manipulé des obligations
- Abercrombie and Fitch, l'enseigne de vêtement américaine accusée non seulement de discriminations envers ses clients mais également redoutée pour sa politique de recrutement : "Nous embauchons des gens beaux parce qu’ils attirent d’autres gens beaux, et nous voulons nous adresser à des gens cool et beaux qui ont les moyens."
- Sans parler des dérives de politiques comme l'affaire cahuzac,etc
Le conflit de valeurs ou la souffrance éthique
Une souffrance éthique est ressentie par une personne à qui on demande d’agir en opposition avec ses valeurs professionnelles, sociales ou personnelles. Le conflit de valeurs peut venir de ce que le but du travail ou ses effets secondaires heurtent les convictions du salarié, ou du fait qu’il doit travailler d’une façon non conforme à sa conscience professionnelle.
Le conflit éthique entraine beaucoup de souffrance, et fait de nombreux dégâts dans les entreprises, aggravant les risques psychosociaux.
Le rapport Gollac (2011) indique que « des conflits éthiques apparaissent assez fréquemment lorsqu’une organisation adopte brutalement des pratiques, des valeurs, des critères d’évaluation qui lui étaient jusque-là étrangers, en général en les empruntant à une autre sphère. De tels conflits ont notamment été décrits dans des administrations ou d’autres organisations publiques qui se réorientent vers une gestion plus marchande. »
En tant qu’indépendante, j’ai plusieurs fois refusé des missions non éthiques ou mis fin à des missions où il m’était demandé de faire des choses non éthiques. C’est un luxe qui fait sens que certains indépendants chérissent mais que peu de salariés peuvent se permettre.
Quelques exemples :
- le cas d'un ex-salarié de Veolia, licencié pour avoir refusé de couper l'eau à des familles en détresse ;
- des vendeurs en assurance qui s’apercevaient que les services qu'ils vendaient aux clients n'étaient ensuite pas garantis par l'entreprise.
Un nouveau métier garant de l’éthique dans l’entreprise
L’émergence d’un métier qui a le vent en poupe : le Directeur de la Conformité et de l'Ethique
"Lorsque j'arrive au bureau le matin, je ne sais pas ce que ma journée de travail va me réserver...". C'est en ces termes qu'un Directeur de la Conformité et de l'Ethique, dans le domaine de l'immobilier, décrit la réalité quotidienne d'un métier, originaire des pays anglo-saxons où il était intimement lié à la finance, qui est arrivé progressivement en France et qui occupe aujourd’hui une place grandissante.
Se positionnant comme un véritable expert capable d’identifier, d’évaluer et de contrôler le risque, le Directeur de la Conformité et de l'Ethique s'assure du respect des réglementations en vigueur, se prémunit des fraudes, anticipe et gère les risques de réputation qui sont plus que jamais en tête des préoccupations des dirigeants.
Ainsi, il est amené à :
- élaborer et diffuser des informations et des standards éthiques à respecter au sein de l’entreprise (procédures, rapports, supports de formation, etc.) ;
- former les collaborateurs ;
- définir des indicateurs et suivre des tableaux de bord pour contrôler le respect des standards éthiques ;le cas échéant, proposer et mettre en place des actions correctrices.
- apporter son expertise sur des sujets connexes aux enjeux de la conformité et de l'éthique.
Cette liste d'activités n'est pas exhaustive.
Choisi pour ses qualités personnelles de rigueur, d’honnêteté, d'intégrité et de discrétion, pour ses capacités de médiation et son esprit de synthèse, le Directeur de la Conformité et de l'Ethique est le plus souvent rattaché à la direction générale de l'entreprise. Et s'il n'est pas membre du Comité de Direction, le Directeur de la Conformité et de l'Ethique a un droit d'alerte.
Aujourd'hui, plus personne ne conteste que l'éthique est une exigence croissante dans les entreprises.
Comment l'entreprise peut-elle faire passer le message sur les principes éthiques qu'elle entend promouvoir, respecter et faire respecter ?
Le code éthique ou comment formaliser sa démarche éthique...
Le code éthique exprime les engagements de l'entreprise, ceux de ses managers et de ses salariés.
Il ne s'agit pas que de bonnes intentions ; le code éthique doit donc être porté par le(s) dirigeant(s)de l'entreprise.
"Donner l'exemple n'est pas le principal moyen d'influencer les autres, c'est le seul moyen."disait Albert Einstein
Certaines entreprises formalisent l’adhésion des salariés aux valeurs éthiques de l’entreprise comme La Poste qui a même un « petit illustré des pratiques éthiques », ou encore Cartier, Ipsen, Solvay France…
D'autre part, pour que les salariés mettent en œuvre un code éthique, le préalable est qu'ils en aient une bonne compréhension, qu'ils y adhèrent et qu'ils aient de la lisibilité sur ce qui est attendu d'eux.Il est en effet illusoire d’élaborer, de faire vivre et d’évaluer des pratiques éthiques sans la participation et l’adhésion des salariés. Même si le code éthique est largement diffusé au sein de l'entreprise, rien ne remplace une formation suivie d'une session de questions / réponses car le dialogue est la base de toute démarche éthique.
La rédaction de VOTRE code éthique, car à chaque entreprise son code éthique, ne pourra être couronnée de succès que si vous avez répondu à la question suivante : quel est mon/notre objectif ?
Il n’existe pas un modèle unique de code éthique. Par expérience, nous vous recommandons de décliner votre code autour des quatre axes suivants :
L’engagement envers les valeurs de l'entreprise: il est essentiel de rappeler ici les valeurs de l'entreprise et l'engagement attendu sera accompagné de quelques mots d'introduction du/des dirigeant(s) de l'entreprise à ses collaborateurs.
Des principes d’action :
- Le respect des lois, normes et règlements
- L’intégrité, la loyauté et l’honnêteté
C'est notamment :
- lutter contre la corruption, la fraude et le blanchiment d'argent,
- prévenir et gérer les conflits d'intérêts,
- protéger les biens et les actifs de l'entreprise,
- Le respect d’autrui
C’est en particulier :
- une politique de ressources humaines fondée sur le traitement équitable et respectueux des salariés,
- des principes de loyauté et d'honnêteté vis-à-vis des clients de l'entreprise,
- le développement et le maintien de pratiques commerciales loyales, transparentes et intègres avec l'ensemble des fournisseurs de l'entreprise.
Une entreprise socialement responsable :
- Le respect de l’environnement
- La RSE
La mise en œuvre, les modalités d’application et le respect du code éthique
Pour conclure, rappelons que votre code éthique n'aura une valeur juridique obligatoire que si elle a été soumise aux instances représentatives du personnel et est annexé au règlement intérieur.
Bravo Nathalie pour cette synthèse ! Les managers qui veulent faire le point sur leur entité peuvent aussi utiliser un diagnostic interactif en accès libre :
http://diag26000.net
Rédigé par : Diag26000 | 16 septembre 2015 à 13:57
Pour compléter ton article je t'invite, ainsi que tes lecteurs, à voir l'intervention qu'Alain Bouregba (psychologue, psychanalyste et DG de la Fédération des Relais Enfants Parents (FREP)) a faite à l'occasion des 20 ans de le FREP. Son intervention n'a rien à voir avec l'entreprise (encore que) mais Alain nous parle d'éthique et il ne manque pas d'intérêt https://youtu.be/V_rCXtD7Dxs
PS : les 2 premières minutes de son intervention sont avec une image fixe, ce n'est pas un bug...
Rédigé par : Jean-Philippe Déranlot | 20 septembre 2015 à 19:47