Le saviez-vous N° 184
La beauté fait vraiment du bien, voici pourquoi
Rappelez-vous il y a quelques mois, de retour d’Asie j’écrivais un « le saviez-vous sur les bienfaits du sourire »….
Suite à une opération au cerveau, je suis partie en convalescence chez une très bonne amie à l’île Maurice, et la beauté de cette île et de ses habitants m’a guéri, m’a fait un bien fou, m’a permis – une fois de plus – de savourer chaque instant dans la splendeur de notre chère planète terre….
A l’île Maurice, l’île aux Aigrettes
C’est si beau, de jour comme de nuit, de la mer comme depuis les cascades ou les rivières que c’est le lieu rêvé pour se ressourcer.
Tout n’est que poésie, des noms des villes et villages en passant par les filaos et autres arbres et fleurs magnifiques, des fleurs de frangipaniers au doux parfum, l’apaisement du vent dans les cannes à sucre ou dans les palmes au bord de la mer qui arrive tout doucement au bord du sable fin et doux, après le passage de la barrière de corail. Toute cette beauté incroyable aux couleurs changeantes et sublimes fait tant de bien que se nourrir de cette beauté-là guérit tout corps ou âme fatiguée….
Depuis des années je clame que la beauté nous fait du bien, même lorsque je trinque avec mes amis, c’est toujours « A la Vie ! A l’Amour (…) à notre Amitié… et à la Beauté ! »
Dans la beauté, je ne parle pas de critères à la mode de la beauté, je parle de cette beauté qui nous coupe le souffle, qui ouvre notre cœur, certains diraient l’effet whaouh !
Oui, un beau paysage, une belle musique, une belle œuvre d’art, un beau ballet, une belle sculpture, ça fait du bien.
« It takes my breath away » disent les américains, oui, la beauté nous coupe le souffle, fige l’instant et évacue de sa splendeur la grisaille de nos vies. Une chanson, un coucher de soleil, une courbe, une lumière…. Ouvrons les yeux.
A contrario, les images violentes ou laides vues à la télévision, dans la rue, dans les films, nous oppresse. A mon avis, plus nous nous remplissions du laid, plus nous sommes tristes ; et plus nous nous remplissons du beau, plus nous sommes joyeux.
Vivre la beauté c'est merveilleux, et la partager, c’est encore mieux, plus intense : découvrir un magnifique paysage, écouter « Lucia di Lammermoor » (Opéra de Gaetano Donizetti), voir un ballet de Carolyn Carlson, caresser une sculpture de Camille Claudel ou toute autre émotion esthétique est encore plus fort lorsque l’on partage cet instant.
J’ai emporté dans mes bagage moult livres (trop, comme toujours !) dont « quand la beauté nous sauve » du philosophe Charles Pépin.
Présentation de l'éditeur
Un paysage naturel vous offre l'apaisement, une mélodie vous redonne soudain foi en vous-même, un tableau vous emporte dans quelque chose de plus grand que vous, un visage contemplé vous invite à voir le monde autrement...
Chaque fois que la beauté nous touche, elle nous réapprend à nous faire confiance, à nous écouter, à ne pas nous laisser enfermer dans notre quotidien, à nous ouvrir à la promesse d'un Absolu. Dans le plaisir esthétique, nous réussissons même à nous confronter à ce qui d'habitude nous effraie : le mystère des choses, notre propre obscurité... C'est le pouvoir de la beauté : elle nous donne la force d'aimer ce qui est, en même temps que celle d'espérer ce qui pourrait être.
Croisant la pensée des grands philosophes, l'œuvre des artistes d'hier et d'aujourd'hui, puisant aussi dans son expérience personnelle, Charles Pépin éclaire l'énigme de la beauté et montre en quoi sa fréquentation peut nous aider à vivre.
Ce que ce livre nous enseigne, morceaux choisis….
Partie 1 : entrevoir l’harmonie
Dans notre monde de jugement, le beau n’a pas de critère, contrairement ai « c’est bien » dont le critère est moral, « c’est bon » dont le critère est sensuel ou encore « c’est vrai dont le critère » est rationnel. Juste cela, ça fait du bien, c’est le miracle de l’instant du plaisir esthétique, ne nous en privons pas ! « Devant la beauté je ne me soucie ni des opinions toutes faites, ni de l’utilité des choses. La contemplation de cimes enneigées, la fascination devant un tableau, un monument ou un enchaînement d’accords, en nous offrant cet instant d’arrêt dans l’action quotidienne, peuvent nous réconcilier avec nous-même, avec notre capacité d’intuition….» écrit C. Pépin, tellement vrai….
Pour que notre satisfaction esthétique soit, pure, Emmanuel Kant précise que trois conditions doivent être réunies. Trois « absences » conditionnent ainsi la présence de votre pur plaisir esthétique : devant la beauté, votre jugement doit être :
- Sans concept (pas de référence rationnelle à une idée du beauté, à une règle de l’art, à un mouvement pictural…)
- Sans intérêt (aucun intérêt social ou financier à apprécier le beau, que le sentiment soit désintéressé)et
- Sans finalité (que devant la beauté vous ne vous posiez même pas la question de la finalité, de l’intention de son auteur….
Il écrit aussi que « nous avons besoin de la beauté parce que nous avons besoin d’harmonie : harmonie de soi, harmonie avec les autres…..l’émotion esthétique est la plus intense lorsque l’harmonie en nous crée le désir d’une harmonie avec les autres…. La beauté, chaque fois qu’elle nous touche, nous guérit un peu plus de notre individualisme. »
Partie 2 : vivre du sens
« Nous avons besoin de la beauté pour nous souvenir que nous pouvons aussi penser avec notre corps…. Qu’une émotion esthétique peut justement être définie comme une manière de penser avec son corps »
« Hegel l’explique mieux que personne : la beauté nous fascine parce qu’elle porte du sens, elle symbolise du sens. Nous touchons par nos yeux, pas nos oreilles, ce que Hegel appelait joliment la « teneur » des œuvres, leur teneur en valeurs, en conceptions implicites du monde. Voilà pourquoi nous avons besoin e la beauté : pour ainsi vivre le sens, pour développer cette dimension spirituelle de notre sensibilité, pour ouvrir grand le champ de notre rapport aux valeurs. »
François Cheng dans « cinq méditations sur la beauté » : « chaque expérience de beauté rappelle un paradis perdu et appelle un paradis promis (…) Chaque expérience de beauté, si brève dans le temps, tout en transcendant le temps, nous restitue chaque fois la fraicheur du matin du monde…. »
Partie 3 : sublimer sa libido
« Nous n’avons besoin de la beauté pour nous « vider la tête », ni pour faire simplement déborder un trop-plein ; la beauté nous offre plus qu’un footing intensif.
Nous avons besoin de la beauté pour éprouver autrement la vie en nous, pour être présent à nous-mêmes de manière plus pleine et plus complexe… La beauté nous aide à accueillir le mouvement de la vie en nous….
C’est la vie qui se manifeste dans notre émotion esthétique : nous avons envie de vivre et cette envie prend le prétexte de la beauté pour s’exprimer d’une manière inédite, salutaire, spirituelle, complexe et précise, libre…. Freud a nommé cette vie « libido », Spinoza «conatus », Nietzsche « volonté de puissance » et Bergson «élan vital ». Le conatus » désigne chez Spinoza cette poussant chaque être à « persévérer dans son être ». Le plaisir étranger que nous donne la beauté peut être une des manières de persévérer dans notre être, d’être fidèles à la vie qui est la nôtre…
Nous avons besoin de nos émotions esthétiques pour que la vie en nous puisse continuer à se métamorphoser, changeant de forme, s’intensifiant à cet instant précis où la beauté nous touche. Sans cette beauté, cette vie risquerait de rester en attente au fond de nous, suspendue à des occasions de jaillir ou de se métamorphoser qui peut-être ne viendront jamais, nous laissant inachevés ou incomplets, malheureux ou coupables….
Nous avons besoin de la beauté pour éprouver notre différence avec les robots.
C’est comme si la beauté nous guérissait de notre lassitude, de notre fatigue d’êtres humains. Comme si la beauté nous redonnait le désir d’être humains, avec tout ce que cela implique d’ambiguïté et de difficulté.
La beauté nous permet d’exprimer notre vie profondément humaine.
Le plaisir esthétique est si fort : cet instant, c’est une pause dans le malaise. Cet instant ressemble à l’éternité, sans pour autant durer. Le plaisir esthétique semble parfois nous faire toucher quelque chose d’éternel, nous avons l’impression, en lui, de sortir du temps.
Ces parenthèses, nous en avons besoin dans nos vies agencées, organisées, répétitives…. »
Partie 4 : accueillir le mystère
« Le mystère, sous, nous effraie. Nous avons peur de ce que nous ne comprenons pas. la beauté, elle, nous propose une expérience heureuse du mystère. Peut-être est-ce sa plus grande vertu : nous apprendre à aimer ce que nous ne comprenons pas…. Si le désir de comprendre élève l’homme, l’obsession de tout expliquer risque de le rabaisser ? Pire, de lui interdire le bonheur, car tout n’est pas explicable…. La beauté, elle, est capable de nous le souffler en une seconde, en un seul instant d’émotion esthétique : il y a de l’inexplicable, et nous pouvons l’aimer. Elle est capable de nous sauver de notre passion explicative, de notre obsession de la maîtrise…. La beauté nous élève parce qu’elle ne s’explique pas, que nous pouvons être grandis par la relation à ce que nous ne comprenons pas…. Qu’y a-t-il à comprendre dans la beauté d’une rose ? Qu’y a-t-il à comprendre au sourire de la Joconde ? Rien. Ou plutôt : tout ce que nous pourrons en comprendre n’épuisera jamais le mystère de la beauté…
Il semble que, dans l’expérience esthétique, nous ayons du plaisir à nous confronter à ce qui d’habitude nous repousse ou nous effraie : l’inconnu, l’inexplicable, mais aussi notre équivocité, notre obscurité. Nous y confronter le plus possible à travers nos émotions esthétiques, c’est probablement apprendre à en être moins effrayés, trouver un peu de la force nécessaire pour l’affronter « en vrai ».
Affirmer que la beauté nous apprend à aimer ce que nous ne comprenons pas, à « accueillir le mystère » appelle une précision : il ne s’agit pas tant d’aimer ne pas comprendre, mais plutôt d’aimer comprendre que la question du sens ne se pose pas, ou plus. C’est évident devant la beauté d’une rose, d’un paysage, parfois d’une chanson, d’un tableau ou d’une sculpture : la question du sens n’est pas la bonne question. La beauté s’offre à nous comme une pure présence. De ressentir alors de la joie qu’il y a à simplement à exister. Devant la beauté, plus aucune question n’est bonne : il ne s’agit en effet plus d’interroger le réel mais simplement, pour une fois, d’en profiter.
L’émotion esthétique nous apprend à habiter le monde… La beauté ne se regarde pas, elle se vit. Apprécier un tableau c’est entrer dans son cadre. Regarder un grand film, c’est devenir acteur…. Contempler un beau paysage, c’est en faire partie. Voilà la force de la beauté : elle nous rappelle que nous pouvons habiter le monde.
La beauté, en nous transportant ailleurs, en nous parlant d’un ailleurs, nous aide à être ici. Elle intensifie notre présence au monde dans le moment même où elle nous en fait sortir. C’est ce qui se produit aussi lorsque nous contemplons un paysage : nous nous laissons glisser dans la rêverie, la beauté des montagnes invite notre esprit à voguer librement, l’invite vers l’ailleurs – et c’est alors que nous nous sentons vraiment présents, que nous habitons pleinement ce paysage, ce monde. L’émotion esthétique nous installe dans une intensité d’existence, aiguise nos facultés, si bien que, le plaisir esthétique passé, nous demeurons encore en éveil, comme rendus plus vivants par la rencontre du beau.
La beauté nous apprend à aimer sans posséder comme elle nous apprend à aimer sans comprendre. Saluons-la, saluons-la vraiment : elle nous lave de nos réflexes d’intellectuels ou de propriétaire, nous sauve de notre possessivité, de notre rationalisme étriqué, de notre obsession de la maîtrise. L’époque est relativiste, la beauté nous rappelle que s’agit au fond de nous un désir de partage. L’époque est réaliste, la beauté nous rappelle que le merveilleux existe. L’époque est au blasement mais la beauté est là, partout, qui nous appelle, nous propose de troquer l’ironie contre l’éblouissement. Elle nous guérit, elle nous aguerrit : elle nous donne la force d’aimer ce qui est en même temps que celle d’espérer ce qui pourrait être. Elle nous réapprend à habiter un monde auquel nous sommes de plus en plus étrangers. Elle nous rend au monde, à la vie, à nous-mêmes et aux autres, à notre puissance d’exister. Elle nous donne tant et nous demande si peu : juste d’ouvrir les yeux et de contempler….. »
Pour continuer....
Pour rêver et voir des belles choses même lorsque je suis chez moi, j’ai mes tableaux Pinterest
Rêverie et évasion... ou archi bô.
tous les voir , dont beauté féminine et beauté masculine, et oui, le beau fait vraiment du bien !
Quelques citations sur la beauté pour terminer…
- “Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté.” René Char De René Char / Fureur et mystère
- “La beauté n’est que la promesse du bonheur.” Stendhal De Stendhal / De l’amour
- “Un monde qui ne pourrait s’émouvoir de sa beauté serait bien près de la faillite.” Edmond Gréville De Edmond Gréville
- “La beauté est la fleur du bonheur.” Anonyme De Anonyme / Le dit de Heiji
- “Le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves.” Eleanor Roosevelt De Eleanor Roosevelt
- “La littérature, c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière.” Charles Du Bos De Charles Du Bos / La Notion de littérature et la beauté du langage
- “La beauté est une source inépuisable de joie pour celui qui sait la découvrir.” Alexis Carrel De Alexis Carrel / L'Homme, cet inconnu
- “Dieu créa la beauté pour nous aider à le comprendre.” Piotr Tchaadaiev De Piotr Tchaadaiev / Fragments et pensées diverses
- “C'est un soir calme et libre, et d'infinie beauté, L'heure sacrée est muette comme une nonne, Eperdue d'adoration; l'astre rayonne.” William Wordsworth De William Wordsworth / Poèmes, 2001
- « La beauté c’est quelque chose dans le regard qui exprime l’intelligence, et l’intelligence c’est quelque chose dans le regard qui exprime la beauté. » Bernard Werber
- Je n'ai qu'à fermer les yeux, la stupéfiante beauté du jardin y est gravée. A jamais. Croyez moi.” Nympheas noirs - Michel Bussi
- " La beauté du monde est dans l'œil. " Anna de Noailles; L'honneur de souffrir
- " Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté." Charles Baudelaire ; Fleurs du mal, L'invitation au voyage …
Je vous souhaite chaque jour de sublimes émotions esthétiques...
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